Photos randonnée VTT pedalsoccitania_26mai2012

pedalsoccitania_26mai2012

Avant de relater le Compte Rendu de notre raid, il m’a paru nécessaire de faire une présentation de PEDALS OCCITANIA car leur site espagnol soulève plus de questions qu’il n’apporte de réponses. Or cet organisme mérite très sincèrement qu’on s’y intéresse.

 

PEDALS d’OCCITANIA ? Qu’est-ce que c’est?

PEDALS d’OCCITANIA est un produit de PEDALES DEL MUNDO: pedalesdelmundo.com.

PEDALES DEL MUNDO est un regroupement d’entreprises privées, d’associations, d’administrations et d’autres organismes ayant la capacité de développer des projets en faveur du développement durable des zones reculées et souvent inaccessibles.

En contribuant à l’entretien des pistes, par le passage d’un nombre de plus en plus important de « touristes à vélo » et grâce à la participation active des autochtones, ils permettent de découvrir et de transmettre le patrimoine culturel et gastronomique de ces régions. Ils contribuent ainsi, à la survie des plus beaux villages du bout du monde.

Un autre aspect fondamental de leur démarche, est le respect de l’environnement : Tous les projets se faisant de préférence avec le vélo de montagne ou le vélo de route.

PEDALS d’OCCITANIA  est un projet de PEDALES DEL MUNDO. C’est  un parcours VTT de 227 kms et 6000 mètres de dénivelé positif au total. Le départ s’effectue, depuis le bureau ‘Pedals d'Occitània’ de Vielha (Carrer Arnals 8 baixos), en direction du premier grand col de la traversée, le Col du Portillon, passage obligé vers la France. Après la traversée de Bagnères-de-Luchon, de St-Aventin et de Bourg-d’Oueil, on gravit le port de Bales pour atteindre le point culminant de la traversée : le col de Paloumères. On entre alors dans la vallée de la Barousse, la vallée la plus peuplée de cerfs en Europe. Il s’ensuit une descente extraordinaire et la traversée de nombreux  villages enchanteurs.  Une fois à St. Bertrand de Comminges, village typique du pays d’occitanie, dominé par une majestueuse cathédrale, c’est le moment de retourner  vers l’Espagne. Mais avant on doit franchir un dernier col, interminable, le col de Menté. Enfin, la délivrance avec  une descente royale qui nous ramène jusqu’aux portes du Val d’Aran puis jusqu’à Vielha en suivant les bords de la Garonne.

Ce superbe parcours peut s’effectuer  sur un nombre d’étapes que chacun choisi  en fonction de son niveau physique ( de 3 à 6 étapes ).  Il s’agit plus d’une découverte  des paysages et du patrimoine du pays compiégnois que d’une compétition, même s’il ne faut surtout pas sous-estimer les difficultés réelles du parcours. Il est absolument indispensable d’avoir un VTT en bon état et un minimum d’entrainement.

Çà à l’air TOP, et comment ça fonctionne ?

Mais c’est TOP!... Et c’est très simple, il suffit de contacter par messagerie la centrale de réservations située à Vielha :  pedalsdoccitania@pedalsdoccitania.com.

 Il est préférable de faire la réservation le plus tôt possible pour éviter des problèmes de disponibilité des hôtels sachant qu’il est toujours possible d’annuler  et de récupérer la totalité de ses arrhes jusqu’à 15 jours avant le départ.

Vous demandez un devis en précisant le nombre de participants, les dates prévues  et le nombre d’étapes choisi  en fonction des principaux « pueblos » situées sur le parcours:

  • Vielha, km 0
  • Vilamòs , km 15
  • St Mamet, km 50
  • Bagneres de Luchon, km 52
  • Bourg d'Oueil, km 68
  • Mauléon Barousse, km 97
  • St. Bertrand de Comminges, km 114
  • Barbazan, km 122
  • St.Pé d'Ardet, km 134
  • Encausse les Thermes, km 150
  • Col de Menté, km 181
  • Les, km 204
  • Vielha , km 227

Les options : Si vous désirez un guide ou si vous avez besoin d’un transport de vos bagages d’hôtel en hôtel, indiquez-le également.

La centrale de Vielha s’occupe du reste vous n’aurez plus qu’à effectuer le paiement des arrhes selon les instructions qui vous seront fournies.  

A savoir : Les conditions météorologiques ne sont pas un motif de suspension de l'activité. Si besoin, on peut toujours laver les vélos à la fin de chaque étape.  Les serviettes, draps et couvertures sont fournies. Pour le midi, on peut demander le pique-nique à l’hôtel.  Enfin, en cas de problème, on trouve dans le road-book les numéros de téléphone de taxis et d’ateliers de réparation de vélos ainsi que le numéro de téléphone de Pédals d’Oc.

Mais est-ce cher ?

Non, Pédals d’occitania est proposé à des prix défiant toute concurrence. Le prix comprends en plus du logement et de la ½ pension (prix variable selon les hôtels), un forfait de 44€ pour le livre de route, un support de roadbook, le tracé GPS (fournit sous demande deux jours avant le départ) et d'autres cadeaux ‘Pedales del  Mundo’ .  A la fin de la traversée, si tous les points de contrôles disséminés le long du parcours sont validés, on reçoit un superbe maillot souvenir de ‘Pédals d’Occitania’.

Exemple : Notre RAID PEDALS d’OCCITANIA du 26 au 29 mai 2012 :

programme : 4 étapes

Jour 1 : Vielha (Carrer Arnals 8 baixos) / St-Mamet  (Hotel La Rencluse **):  50 km et 1200 m D+

Jour 2 : St-Mamet  / St Bertrand de Comminges  (Hotel L'oppidum **):  64 km et 1600 m D+

Jour 3 : St-Bertrand de Comminges / col de menté  (Gite-Auberge Le Soulan):  67 km et 1900 m D+

Jour 4 : col de menté / Vielha :  46 km et 700 m D+

Participants : 3 personnes

Sam, Bruno et Hervé

Tarifs :

Pour 4 étapes, donc 3 nuits (avec petit déjeuner et ½ pension), il nous en a couté 200€ par personne tout compris (sans le transport des bagages) + 20€ de pique-nique.  

Il va de soi qu’il n’est vraiment pas rentable de se lancer dans cette aventure sans passer par Pédals del Mundo. En tout cas je ne le conseille pas tant il est simple et avantageux d’utiliser leur service. Et en plus on a des cadeaux !

Bagages :

Une tenue de VTT + Un sac à dos comprenant une poche à eau, des barres énergétiques, un pique-nique, un set de réparation (deux chambres à air, un jeu de plaquettes, une pompe, un dérive chaine, une burette d’huile .. ), une crème solaire, un Kway, un short, deux paires de chaussettes, deux slips, deux T-shirts et c’est tout !




PEDALS d’OCCITANIA du 26 au 29 mai 2012 :

Compte rendu du premier jour :
    Vielha  / St-Mamet  :  50km et 1200m D+

Par RV :

Un grave accident de ski, trois semaines avant le départ du ‘Pédals’, avait sérieusement entamé mes chances de participer à ce raid. Deux jours avant le départ je ne pouvais toujours pas lever le bras gauche sans ressentir une forte douleur à l’omoplate. Si je n’avais pas été l’organisateur de ce raid, je serai très certainement resté chez moi en attendant le rétablissement de mes chairs meurtries. L’envie était très forte de se lancer quand même dans l’aventure aussi décidais-je d’accompagner mes amis Sam et Bruno sans me poser plus de question. Il serait toujours temps d’aviser en cours de route à la moindre défaillance de ma part.

Une fois à Vielha, le plus commode est de se garer au parking municipal, le local de Pédals se trouve Carrer Arnals 8 baixos à 50 m du parking. Mais s’il y a de la place il est aussi possible de se garer juste devant le local.

Comme toujours, nous sommes accueillis avec le sourire par deux charmantes hôtesses qui nous détaillent le déroulement du raid. Le road book en poche, on avale un petit déjeuner au café du coin avant d’enfourcher nos VTT impatients d’en découdre sur le difficile parcours de « Pédals d’Occitania ».

pedalsoccitania_26mai2012

On attaque par une route montante qui nous éloigne de la civilisation. On atteint rapidement un superbe point de vue sur les hauteurs de Vielha et les villages environnants.

A deux pas de là, le premier single. Alors que, dès le départ, Bruno puis Sam lâchent les gaz, je l’aborde avec beaucoup de prudence et d’inquiétude. Je sais qu’il représente le test de ce raid. Si je le passe, tout devient possible.

Je me retrouve rapidement seul, les deux mains sur les freins, debout sur les pédales, le regard au loin à la recherche du piège qui s’il me surprend me renverra à coup sûr regagner mes pénates.

Avec un seul bras valide, le contrôle de ma machine est difficile, et très vite, sous l’effort, mon bras tétanise. Par chance les sous-bois sont étrangement secs, cela facile ma tâche.

J’assure au maximum la descente, au moindre danger je pose le pied par terre. Par deux fois je descends même du vélo. Finalement, je rejoins Sam et Bruno, mon visage est crispé, les bras et le dos sont douloureux mais avec un regard volontaire, je lance déterminé, le capital confiance soudainement regonflé à bloc : «  maintenant, je fini ! »

Après quelques centaines de mètres de nationale, un sentier escarpé sur la droite va nous mener au centre d’un joli petit village. Celui-là même entre aperçu précédemment lors de notre pause ‘point de vue’.



Panorama hauteur de Vielha


Le sentier et la végétation cèdent alors la place au bitume et aux voitures, étonnamment nombreuses sur ces routes de montagne relativement reculées.

pedalsoccitania_26mai2012

Heureusement, une piste forestière nous permet de quitter le va et vient incessant de ces véhicules motorisés. Au bout, la très belle aire de ‘Bégos-Vilàmos’ nous attends et nous nous y posons, non sans soulagement.

Après un repas frugal arrosé par les tords boyaux de mes amis, nous reprenons notre périple… en douceur. Le profil est joyeusement descendant jusqu’à Bossost.

Devant la dernière difficulté du parcours, le col du Portillon, brusquement la fatigue m’envahit. Je laisse alors partir Bruno et Sam en espérant pouvoir me refaire une santé. Après une pause, trop courte, je me relance, toujours très fatigué, même démotivé à la vue du panneau indiquant « sommet à 8 kms », c’est peu mais pourtant si loin !…

Mes jambes, mon dos et plus encore mon bien séant postérieur me rappellent à quel point j’ai présumé de mes forces. Ma volonté s’amenuise, je résiste, je serre les dents, je me mets en danseuse, mais quelques tours de manivelles plus loin, je retombe lourdement sur ma selle, le vélo s’arrête, la volonté et l’envie… aussi !

J’ai littéralement explosé dès le 2éme kilomètre.

J’entreprends alors une longue, très longue montée à pieds, plus que 6 kms, plus que 5 kms, 4kms ,3 kms, 2 kms… j’en ai plein les bottes, une faiblesse physique et mentale tellement pitoyable que je fini par m’arrêter. A ce moment, je n’espère plus que le passage d’une âme charitable pour me monter au sommet. Mais aucun véhicule ne passe !

Je repars, dépité… ais-je fais vingt mètre? Peut-être trente? … voilà qu’une voiture tractant une remorque avec 5 vélos et autant de places libres me dépasse et pour couronner le tout il se met à pleuvoir.

Alors… de rage… j’éructe un sermon à l’encontre du tout puissant maudissant les faiblesses du genre humain. Mes paupières se ferment, le temps de faire le vide dans mon esprit, lentement je ‘lobotomise’... Quand je ré-ouvre mes yeux, ils ont changé d’expression, l’expression de la colère, aveugle et irraisonnée. Alors mes muscles se tendent, tout mon corps se redresse, la mâchoire serrée à m’en casser les dents, je relance la mécanique et plus rien ne pourra m’arrêter désormais!

Il pleut et fidèle à ma réputation j’arrive au sommet en danseuse. Je suis  surpris de ne pas voir mes deux rats de l’opéra. Cette montée m’a pourtant paru interminable mais visiblement moins que par la piste. Lorsqu’ils arrivent, le visage et les jambes croutés d’une boue jaunâtre, Sam lance un juron que seuls les vosgiens connaissent. Heureusement car il m’était directement adressé. Le malheureux n’aime pas l’eau, et chez nous il ne pleut pas du rhum.

Dégoutés on décide de tirer droit vers St-mamet pour en finir avec cette journée de galère.

A St-Mamet, étrange coïncidence, l’hôtel porte le nom de « la Rencluse » comme pour me rappeler ma chute trois semaines plus tôt à l’Aneto.. On est attendu avec l’apéro servi auprès du feu. Le repas qui suit est sublime, après deux tournées de soupe, autant de pates et quatre corbeilles de pains, repus nous allons nous coucher dans des lits trop étroits pour nos bides trop larges. Sam qui n’est pas rancunier me propose généreusement un massage réparateur et je n’ai pas le cœur de le lui refuser J . Merci Sam et bonne nuit les petits.

  

Compte rendu du deuxième jour :
   St-Mamet  / St Bertrand de Comminges :  64km et 1600m D+

Par Bruno :

Le Réveil a sonné à 7H30 à l'hôtel la Rencluse à St Mamet. Après avoir "dérouillé" nos carcasses nous avons pris un bon petit déjeuner (croissant jus de fruit, fruits, pain ....) afin de nous préparer à l'étape la plus sensuelle, celle qui allait nous mener de Saints en Saints : St Mamet - St Aventin - St Bertrand de Comminges.

pedalsoccitania_26mai2012

Nous avons récupéré nos montures vers 09H00 et pris la direction de Luchon pour aller "pointer" au check point pour valider notre passage. Après ce court shooting photo nous primes la direction de Saint Aventin.

Le soleil est de la partie ce qui réchauffe nos petits muscles endormis. Dès la sortie de Luchon Sam et moi nous prenons la direction de la Passéjade, RV toujours convalescent (malgré la séance Osthéo de la veille) rejoint St Aventin par la Route.

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Quel beau moment cette Passéjade, ce petit single à flanc de coteaux nous fait arriver aux bergeries ou nous rencontrons pour la première fois les 2 Espagnols qui nous accompagneront pour le restant du périple.

Une pause photo et nous repartons vers St Aventin il fait un temps magnifique et nous commençons à lâcher les Watts.

La remontée depuis le bas de St Aventin jusqu'à l'Eglise devient le terrain de jeu de notre Hyène qui tel un Pantani des grands jours arrive au parvis frais comme un gardon et y trouve RV .

pedalsoccitania_26mai2012

Après une pause alimentation/hydratation nous repartons pour un long single en sous-bois bien agréable par ce beau soleil. Une crevaison (la seule sur 230km) de Bruno avant d'arriver à Benqué-dessous-dessus puis nous repartons en single pour traverser des champs entiers de Crocus qui parfument l'atmosphère. La montagne est resplendissante.

Nous arrivons à Cires où nous retrouvons nos 2 Espagnols attablés au troqué du coin et continuons vers Bourg d'Oueil où nous faisons tamponner notre carnet de route.

Après quelques Hectomètre de goudron Sam et Bruno bifurquent vers la piste à droite pour prendre la direction du port de Bales et Hervé décide de passer par le bitume son épaule étant toujours endolorie.

La montée par la piste est tout d'abord caillouteuse et plus nous montons plus nous arrivons sur un parcours herbeux. L'altitude amène de la fraicheur et de la brume ce qui ne fait que faciliter l'ascension jusqu'au lac de Paloumères je devrais dire la mare de Paloumères.

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Ne voyant pas notre "ami Endolori" nous rejoignons le port de Balés où ce dernier vient d'arriver.

Il est temps pour nous de sortir les Sandwiches et de s'abriter du vent pour nous sustenter... Nous sortons pour la 1ere Fois le "vitriol" de SAM - Viva el Rhum arrangé...

Après une heure de pause nous reprenons la piste pour attaquer la descente. Quel Régal !!!!  Belle descente rapide, large, et récréative sur plusieurs km. Après quelques km nous sommes stoppés par le rush d'un Cerf que nous venons de déranger, il traverse devant nous et dévale la pente pour rejoindre la forêt en contre bas... Quelle facilité pour lui de faire des runs en free ride à travers les genets sans se gaufrer !!!!!!

Nous reprenons notre descente, entre temps rencontre avec des motards qui font de l'enduro et arrivée sur Sost.

Une petite côte nous cueille dès la sortie de Sost pour rejoindre Esbareich via un petit sentier bucolique.

Nous laissons Mauléon Barousse et Bramevaque et là, la mécanique de SAM nous fait des bruits pas très catholiques. Après vérifications, il s'avère que la chaine a plus de 3 ans, que les pignons sont quasi bouffés, et qu'il manque des dents sur les plateaux ... Hey faut penser à faire ses réparations SAM !!!  Cela ne l’a pas gêné pour le reste du Raid.

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Nous reprenons la montée vers le Col de Mortis en empruntant une route pastorale bien sympathique. En haut du col nous retrouvons nos 2 Espagnols et un groupe de 6 français faisant aussi Pédal's. Nous prenons la belle descente dans la forêt domaniale de St Bertrand de Comminges dans laquelle une pluie fine nous rafraichis bien. Nous bifurquons à Droite en Bas de la descente pour suivre un single boueux nous menant à St Bertrand. C'est comme de vrais sangliers ayant roulés dans des bauges que nous arrivons au Pied de St Bertrand, et c'est après un dernier rempailloux glissant que nous arrivons à l'Hôtel L'oppidum. Ce dernier nous avait préparé une station de lavage pour nos montures.

Notre Hôte très typique nous propose de nous laver nos affaires ce qui après 2 jours d'efforts sera le bienvenu.

Après la douche nous prenons la direction de la salle de repas ou notre "hébergeur" toujours aussi peu prolixe installe les différents convives à coup de têtes et en rouméguant qques mots par ci par là.

Le repas fût splendide :

Garbure, assiette de crudité et de charcuterie, pattes liquides - confit de canard et dessert.

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C'est vers 22H30 que nous avons rejoint nos chambres, RV dans son grand lit (priorité aux éclopés ;-))


et SAM et Bruno dans leur deux petits lits. Avant de dormir une petite chasse à la "mouche" fut réalisée...

 

Compte rendu du troisième jour :
   St-Bertrand-Comminges / col de menté :  67km et 1900m D+

by Sam la hyène:

En ce lundi de Pentecôte, nous venons de nous réveiller à Saint-Bertrand-de-Comminges. Nous sommes heureux d’avoir bouclé sans encombre les deux premières étapes, mais nous savons ce qui nous attend au menu du jour. En effet, cette étape est bien plus qu’un plat de résistance, la plus longue des quatre jours, soit 66 Km, et la dénivelée positive qui l’accompagne 2100 m. Tout cela pour nous mener au col du Menté avec un final qui fait frémir.

Après un réveil matinal et un bon sommeil récupérateur dans une chambre étroite de l’Oppidum, hôtel deux étoiles, nous faisons le plein d’énergie en dévorant un copieux petit déjeuner. L’anecdote du jour commence de bonne heure. Comme chaque matin, je bois un thé vert gingembre cannelle. Pour cela, lorsque le tenancier nous demande ce que nous buvons, je lui réponds "de l’eau chaude". Ma réponse semble venir d’une autre planète tant l’homme apparaît dans une hallucination soudaine. Lui qui doit exercer son travail depuis plusieurs décennies n’a-t’il jamais ouï cette réplique ? Cela fait rire mes deux acolytes. Quelques minutes plus tard, ce moment comique oublié et nos estomacs bien rassasiés, nous nous acquittons de la note, avec notamment les bières de la veille et les sandwiches du jour.

A 9h15, nous retrouvons nos mécaniques sous une bâche dans une sorte d’enclos, servant de débarras, le tout muré et fermé par une grande porte en bois donnant sur la rue et faisant face à notre hôtel. La pluie étant quelque peu tombée durant la nuit, la bâche les aura protégés de l’humidité.

Avant de décoller sur nos suspendus, une révision de nos montures s’impose et un atelier mécanique s’improvise dans la rue. Mon VTT, dans un état un peu limite, surtout au cours de la seconde étape, souffre de nombreux signes d’instabilité. Cependant, la veille il a bien tenu son rang et n’a pas failli. Donc, huilage et graissage de la transmission pour commencer, resserrage à la pince des maillons de la chaîne qui n’est plus toute fraîche. Bruno me fait remarquer qu’une chaîne se change tous les 500 Km, et moi qui la croyait éternelle ! Si Jeanne Calmant détient un record de longévité à l’echelle de l’humanité, ma chaîne n’a rien à lui envier, tout comme mes plateaux qui d’ailleurs n’ont plus toutes leurs dents, ce qui leur fait un point commun avec la défunte doyenne. Pour conclure l’avant départ, nous effectuons un petit contrôle de la pression pneumatique, l’ensemble des manœuvres prenant une vingtaine de minutes.

Après cet atelier de fortune, nous nous lançons tranquillement sous un ciel ensoleillé, en marmonnant toujours le même requiem : "J’ai mal au cul !!!", aussitôt le séant posé sur la selle.

Cela commence aisément par une petite rue sillonnant dans le village, tout en descente.

Et c’est environ 500 mètres plus loin que Bruno me fait remarquer que je roule sans casque. Ah Bruno, si tu n’étais pas là… Je remonte dardar jusqu’à l’hôtel, où je trouve sur un rebord de fenêtre mon casque, qui avait pris place avant le départ pendant la remise en état de la transmission.

Quelques minutes plus tard, mon VTT semble avoir retrouvé une seconde jeunesse. Mais mon genou gauche révèle à nouveau quelques signes de faiblesse. De fortes douleurs, comme la veille, se font ressentir. Nous sommes heureux d’avoir déjà effectué la moitié du périple, mais aujourd’hui n’est pas un jour facile, c’est la plus longue étape, associée à la dénivelée la plus importante. Et surtout, nous avons une pensée pour le final qui représente une vingtaine de kilomètres en montée, afin de relier le col de Menté, en dessous de la station de ski Le Mourtis.

Hervé, en fin connaisseur des lieux et par l’expérience vécue en solitaire l’année passée, joue son rôle de protecteur, il nous rassure en banalisant la difficulté, jurant que le parcours est roulant et qu’il n’y a aucune contrainte à notre avancée, comme pour se rassurer lui-même.

Mon GPS est bien pratique, mais l’inconvénient est que je ne peux m’empêcher de zoomer sur le profil de l’étape, et de me rendre compte de l’effort à fournir ! Des fois, mieux vaudrait ne rien savoir…

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Après une vingtaine de kilomètres, nous traversons le village de Saint-Pé d’Ardet, où nous faisons une petite halte. Nous retrouvons tout un groupe de VTTistes, dont un suédois, qui nous a fait une belle frayeur lors d’une descente pas très pentue mais bien roulante. Il a voulu envoyé du lourd, et en nous passons à la corde, il a accroché une souche enracinée sur le bas côté avec sa pédale. Je l’ai vu s’envolé tel une oie sauvage et partir la tête en avant dans la roue avant de Bruno. Maîtrisant sa bête toute suspendue comme un cowboy s’exerçant au rodéo sur une bête folle, Bruno, par je ne sais quel miracle, ne s’est pas fait désarçonner. Il a roulé sur la jambe du solide suédois, qui après être resté une minute au sol, s’est relevé pour repartir de plus belle. Un roc, ce scandinave !

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Un peu avant le trentième kilomètre, vers le col des Ares, nous trouvons l’endroit idéal pour une pause repas dans un cadre de verdure merveilleux. Un champ en dévers offrant une vue lointaine sur des reliefs vallonnés et boisés, une ruine d’un château résistant au temps en bordure du chemin, une grange côtoyant un petit terrain fauché et ombragé, idéal pour la sieste digestive. Nous y passerons une heure environ avant de repartir pour l’assaut final.

Nous trouvons étrange le tracé du parcours qui nous pousse vers le Nord et l’Est, alors que nous apercevons notre massif plein Sud. Mais ce n’est qu’un crochet d’une dizaine de kilomètres qui nous fera découvrir quelques villages avant de nous ramener sur la voie du Sud.

A vingt kilomètres du but, à Juzet-d’Izaut, soit avant d’attaquer l’ascension finale, Hervé nous donne les recommandations nécessaires, puis nous quitte en optant pour l’asphalte. Bruno et moi, nous attaquons la partie terrible. Nous sommes en début d’après-midi, mais nous arriverons tardivement au gîte-auberge "La Soulan", vers 19h30 me semble t’il !

Dès notre séparation, je vois Hervé taper un brin de causette avec deux femmes d’un âge moyen. Je le soupçonne d’avoir tenté de négocier une ascension motorisée, mais peut-être une blague salasse sortie de son casque aura fait fuir les deux quinquagénaires et réduit à néant les espoirs de notre compagnon d’échappé.

Dès la sortie du village, nous saluons deux compères espagnols rencontrés sur le circuit. Ils sont en pleine réparation, mais nous font signe de continuer, qu’il n’y a pas de soucis pour eux. Nous attaquons alors la montée qui se fait sur du bitume pour les premiers kilomètres, puis du chemin avec quelques parties très humides par la suite.

La pente est régulière, ce qui fait que lorsqu’on grimpe à son rythme, elle passe très bien. L’envie de gravir ce chemin le plus vite possible est présente, mais je ne veux pas perdre mon compagnon, alors je l’attends. Il me dit que tout va bien, mais qu’il avance à son rythme ! Il souffre aussi d’un genou il me semble, ce qui l’empêche d’y mettre toute l’intensité qu’il voudrait. D’ailleurs, je relève l’exploit de mes deux coéquipiers, qui ont encaissé les mêmes efforts que moi, mais avec trente Kilogrammes (au bas mot !) supplémentaires dans la carcasse et une dizaine d’années de plus au compteur, sans parler de leurs VTT plus lourds à tirer.

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Enfin, nous y voilà. Ce lundi de Pentecôte n’aura jamais porté aussi bien son nom !. Nous apercevons des silhouettes humaines, nous entendons des bruits indiquant la présence d’habitations. Le sentier s’achève par une délimitation bien nette pour s’ouvrir sur une vaste zone desservie par une route bitumée. Ma première image en passant la barrière forestière du grand parking du col de Menté est Hervé, confortablement installé en terrasse du gîte auberge "La Soulan", une bière à la main et le sourire aux lèvres, se réjouissant de nous apercevoir enfin ! Le phénomène nous dira qu’il n’est arrivé que depuis une petite demi-heure, mais il me semble bien frais et bien à l’aise pour un gars qui en aurait bavé plus qu’un escargot se lançant à l’assaut d’une dune ! Disons que c’est l’euphorie de l’altitude ou les effets récupérateurs du houblon sur l’organisme. Nous nous trouvons à environ 800 mètres de la station de ski de Boutx-Le Mourtis, et l’établissement fait face au Cagire, sommet mythique culminant à 1912 mètres. Mais dans ce domaine, le spécialiste c’est Hervé, qui pourra apporter de plus amples informations, lui qui, amoureux des pentes vertigineuses, n’hésite pas à embrasser chaque pierre lorsqu’il dévale la montagne.

Après cette longue ascension et cette arrivée tardive, une sorte de grande satisfaction nous envahit. Nous posons nos VTT et allons nous doucher. Puis, nous faisons connaissance avec le gérant du gîte, un belge ! Quel bonheur ! Moi, qui suis amateur de bières belges, je suis aux anges. Fidèle à ses racines wallonnes, le gérant nous propose différentes bières de qualité en pression, et nous trouverons satisfaction.

Seulement, nous nous inquiétons de ne pas voir arriver nos deux collègues espagnols que nous avons vus, pour la dernière fois, au tout début de l’ascension. Finalement, ils apparaîtront entre 20h30 et 21h, bien fatigués, et fortement ralentis par des soucis mécaniques.

Le repas sera aussi le bienvenu. Je n’ai plus en mémoire ce que nous avons mangé, mais je me souviens que c’était copieux et très bon, une cuisine traditionnelle à base de produits du terroir. Ah ! La mémoire me fait défaut. Heureusement, Bruno, qui se souvient de tous ces repas jusqu’à six mois en arrière, me rappelle que l’entrée était une salade garnie, suivie de charcuterie. Puis un magnifique plat de pâtes accompagné d’un sauté de veau fit la joie de nos estomacs tout creux. Il faut spécifier à nos lecteurs qui sont Bruno et Hervé. On pourrait les comparer à des estomacs sur pattes. Pourtant, j’en ai déjà vu, mais là, avec ces deux incinérateurs à bouffe, ça dépasse l’entendement. Ces manges-sans-faim sont à la gastronomie ce que la vis sans fin est à la quincaillerie. Je les ai même empêchés de manger leurs couverts en inox ! Tu le crois, ça ?

Je me souviens aussi avoir pris en dessert une crème catalane de haute volée, si bien que n’étant pas certain d’en retrouver une de la sorte de sitôt, je me suis appliqué à en dévorer une seconde. Certainement aussi par contagion du syndrome gourmand qui sévit à la tablée. Et j’ignore encore pourquoi je n’ai pas appliqué la formule "Jamais deux sans trois !" Nous partageons ce repas comme un moment de satisfaction intense, car nous savons que la petite étape du lendemain n’est que rigolade et que si nous doutions de nos capacités physiques et morales avant cette aventure, désormais nous savons que c’est dans la poche, c’est fait ! Nous nous lâchons un peu plus que de coutume. Le vin coule à flot, le rhum arrangé nous supplie de l’honorer, la poire distillée de Bruno ne se fait plus prier.

S’en suit une incursion dans la tablée voisine, un groupe de joyeux bikers germaniques avoisinant la cinquantaine en âge, peut-être plus. Nous tentons de les appâter avec nos délie-langues alcoolisés, mais ils n’osent pas se risquer sur l’bizarre !

Dans le groupe, une Fräulein francophile nous vante les vertus VTTesques de la Forêt-Noire, à ne pas confondre avec la Montagne Noire du Midi-Pyrénées, et cela pour nous inciter à aller y poser les crampons de nos montures. Nous étudierons le projet, pourquoi pas ?

Résultat : une ambiance détendue, des relations volubiles et Hervé qui se marre tout seul… et on ignore toujours pourquoi ! Après une telle journée, nous allons sereinement nous coucher.

Compte rendu du quatrième jour :
   col de menté / Vielha :  46km et 700m D+

Par RV :

Cette journée est placée sous le signe de la détente. Plus aucune difficulté notable n’est à redouté aussi le réveil se fait-il en douceur. C’est donc sans précipitation et avec même une certaine empathie que nous prenons notre petit déjeuner et rapidement une conversation s’engage avec une charmante « frolen » d’un certain age qui parle un excellent français. Elle nous vante les beautés de notre pays et nous invite à visiter le sien qui est aussi, paraît-il, un terrain de jeu idéal à la pratique du VTT.  Il n’y aurait donc pas que des usines en Allemagne ? çà vaudrait peut être le coup d’aller y poser nos spads à l’occasion.


Panorama hauteur de Vielha


Après la photo souvenir, nous enfourchons nos bikes et nous nous élançons sur la piste qui mène à la station du mourtis. C’est de là haut, et plus exactement depuis la cabane ESF que nous entamons la descente qui est restée dans mes souvenirs 2011 comme une des plus belles jamais réalisées. Pas tant par son aspect technique mais plutôt par sa diversité, sa beauté et sa longueur. Plus de 20 kms de descentes avec vue sur le Cagire d’abord puis sur le massif de la Maladeta ensuite. Une splendeur à faire et à refaire. Un trésor méconnu, caché et pourtant si accessible. Déflorer sauvagement le parcours tel un bolide pourrait être une option sensationnelle mais aujourd’hui, et après trois jours de raid, le bonheur est ailleurs. Il est dans la contemplation, dans le laisser aller et avec le plaisir d’avancer enfin sans effort.

pedalsoccitania_26mai2012

Nous passons toute la matinée à descendre, une fois en bas peu avant midi, on décide de s’arrêter pour se restaurer. Un bon prétexte, en réalité, pour rester dans cet endroit magique et prolonger ces instants de bonheur. 



La suite du parcours, à partir de l’ancienne douane, n’est plus guère intéressante. Il ne reste plus qu’à longer la Garonne, par des chemins bien entretenus, d’abord par la rive droite puis par la rive gauche. On n’évitera pas quelques kms de nationale malheureusement inévitables et qui constituent le point noir de cette dernière étape. A six kms de l’arrivée, une dernière montée permet d’arriver à un joli petit single qui nous ramène à l’entrée de Vielha.

Voilà, c’est fini, la boucle est bouclée ! Il ne nous reste déjà plus que des souvenirs. Mais quels souvenirs ! Certes, parfois douloureux, ponctués de grimaces et de larmes, blessé au dos j’avoue avoir plusieurs fois craqué lors des montées raides et  interminables, quand il fallait tirer fort sur les bras. Mais aussi du plaisir, des élans d’exaltations, des émotions intenses, des rires, et des moments de convivialité sur le vélo ou une bière à la main confortablement installés autour d’une table garnie de tapas.


                               pedalsoccitania_26mai2012

Je remercie Bruno et Sam qui ont été des compagnons de route formidables. Merci encore pour leurs encouragements dans mes moments difficiles.

RV


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