vignemale_04juin2010
Il est 4H30 quand je pointe le bout de mon nez hors de la tente, le ciel est constellé d' étoiles qui m'émerveillent. Le regel a dut être bon, aussi nous prenons tout notre temps pour nous préparer. Un dernier fruit avant de partir, il est 5H30. On a vite fait d'éteindre nos frontales car la luminosité lunaire est suffisante.
On suit le sentier qui passe à droite du barrage et qui nous mène au pied de la cascade des Oulettes d'Ossoue. On est alors doublé par un randonneur "pressé" qui oublie de nous saluer. Timidité du montagnard ou politesse de l'ours des montagnes? Bah qu'importe... Un petit rempaillou sur la gauche et on se retrouve trés vite au dessus de la cascade.
Sans surprise, l'enneigement y est abondant. L' immense plateau qui surplombe la cascade ayant recueilli toutes les avalanches de neige qui ont coulé depuis les sommets environnants. En deux temps trois mouvements, nous nous retrouvons skis aux pieds.
Nous laissons le sentier d'été sur la gauche pour passer par une sorte d'immense gorge, sur notre droite, entourée par de hautes parois abruptes mais attention si les conditions sont avalancheuses car la gorge peut se transformer alors en véritable "coupe-gorge". Aujourd'hui aucun risque marqué donc nous nous y engouffrons ... Une deuxième cascade nous fait face, ses eaux semblent s'enfoncer sous terre pour passer sous nos pieds. C'est assez inquiétant, d'autant que le frèle pont de neige qui nous montre le chemin n'est pas non plus trés rassurant. On s'y engage prudemment, presque furtivement comme si on ne voulait pas réveiller le danger sous-jacent.
Une fois ce passage traversé, tout danger est écarté et on arrive trés vite aux alentours de 2300m à l'embranchement des itinéraires du glacier du vignemale et du refuge de Baysselance. Le passage devant les grottes de Bellevue est périlleux car l'exposition est forte. Il faut assurer chaque pas et il est préférable de mettre les couteaux si la neige est dure. Heureusement pour nous, le chemin est déjà tracé ce qui facilite la progression.
A partir de là on a le choix du parcours, je me dirige vers une combe sur la droite alors que patrice file sur la gauche. Au final, j'arrive trés au dessus de l'itinéraire d'été. Il me semble apercevoir Patrice plus bas, il a prit beaucoup d'avance. Je ne m'affole pas , une traversée à flanc descendant et je me retrouve sur ses traces.
La pente se redresse fortement, elle semble interminable. Mais il est ou ce glacier ? Sur ma droite en contrebas, un randonneur file "dré dans le pentu" . Il a du jus celui-là ! Sur ma gauche, je vois Patrice qui s'est arrêté pour enlever une couche vestimentaire. Je fonce vers lui, quand soudain, le "juteux" me rejoint. D'ou il sort celui là ? ... Mais c'est Patrice ?? NOOON !.. De loin je ne l'avais pas reconnu, il m'avait attendu plus bas jusqu'à ce qu'il se rende compte que je l'avais devancé. Et le personnage que j'avais pris pour Patrice n'était autre que "l'ours des montagnes" :-) . Quelle méprise ! De nouveau réunis, nous atteignons le glacier que nous traversons jusqu'au pied du Vignemale.
Un groupe d'Espagnol est sur place. La pique longue est dépourvue de neige, il faudra laisser les skis et monter à pieds. Vu d'en bas, l'accés semble aisé mais la pente est de plus en plus forte et les rochers sont instables par endroits. Le Vignemale réclame un minimum de concentration et de technique pour pouvoir nous livrer ses secrets et ses trésors.
La vue au sommet est à couper le souffle. Quand j'arrive en haut, en dernier comme d'hab, Patrice est déjà là mais "l'ours des montagnes" aussi. Il s'avère être un montagnard aguérrit, sociable et tout et tout... Comme la vie est différente au sommet ! On reste là un long moment.
Epoustouflant :
Je m'inquiète car il est 11H30 et la neige est en train de se transformer, ce qui pourrait gâcher notre descente. Patou adopte la Zen attitude et semble rivé à ce lieu. Maiiiis noooon... çà vaaa alleeeer ! Trop cool ce garçon, mais moi je pars. De toute façon, tel le dahu des montagnes qu'il est, il va vite me rattraper. La descente se passe sans encombre. Poussé par une irrésistible envie de glisse, je me hâte de mettre mes skis. La descente promet d'être superbe car la neige est restée portante. Plus de 1000 m de dénivelé négatif.
Et c'est partit...enfin une fois que Pat décidera de ne plus trainailler, le voilà qui prends des photos du piton carré, maintenant ! A la montée, c'était pas mieux? NON ?. Ah enfin, il arrive... Bon prince, je vais immortaliser sa descente avec mon panasonic en mode video "Full HD" Monsieur ! .. Quel style et agile comme un chat. Quand il passe à ma hauteur, il rayonne de plaisir.
Nous sommes quasiment les seuls randonneurs à être montés en ski et ceux que l'on croise s'arrêtent et nous regardent avec envie. Chacun dans son style nous dévalons: Patrice dessinant sur la neige de jolis serpentins réguliers et serrés, et "bibi"" plus réveur qui glisse au gré de son imagination, laissant derrière lui d'insouciantes guirlandes de bonheur.
La cascade d'Ossoue signe la fin de notre cavalcade à skis. C'est un lieu idéal pour une pause casse-croûte bien méritée. Nous sortons nos boites de sardines à l'huile mais nous n'avons pas trés faim. Profitant de mon manque d'appétit, deux de mes sardines se sauvent et vont rejoindre les eaux de l'Ossoue. Bah, elles sont mieux là finalement!
Allez une petite partie de pétanque improvisée avec des cailloux puis nous reprenons notre route. Nous croisons des marmottes plutôt "baloum,baloum".
Patrice est aux anges, il adore ses petites bêtes qui ressemblent à de gros chats.. Bon c'est pas tout "Patou" mais il me tarde d'arriver à Gavarnie pour finir cette excellente journée avec une bière bien glacée.
La terrasse du bar "le taillon" est parfaite avec une vue magnifique sur le cirque.
Je vous le dis sans détour, le paradis ... c'est ici !