Tour du Nerassol le 18mai2010
Un mail de Patrice m'informe qu'il monte à la cabane de la Vésine. Il est tard, j'ai juste le temps de prendre mes skis et chaussures, d'enfiler mon goretex et je pars. Quand j'arrive à l'hospitalet pres l'andorre, il est 1H00 du mat. Pas question de monter de nuit, Je vais donc dormir sur le parking et démarrer avec les premiers rayons de soleil.
Le départ s'effectue depuis un chemin évident situé sur la droite à la sortie de l'hospitalet et juste en face d'un parking en contre-bas ou les randonneurs peuvent garer leur véhicule. Une conduite d'eau m'accompagne toute la première partie du parcours et croisera trois fois ma route.
Vers 1750m l'itinéraire se sépare en deux. Pour la Vésine, il faut tourner à gauche mais je décide de prendre à droite pour faire le tour du nérassol et peut être croiser Patrice au retour. Toujours pas de neige à l'horizon mais je m'attends à la trouver à chaque détour d'un chemin.
Finalement je ne pourrais chausser mes skis qu'en arrivant au barrage du Val d'Arques. Le sentier passe à droite du barrage mais je choisi de passer à sa gauche pour profiter d'un enneigement qui paraît meilleur. Avec les skis aux pieds, la rando devient plaisir , au dessus du lac j'aperçois la cabane de Brougnic qui fait face au Pic de Nérassol. Le pic est presque entièrement déneigé interdisant tout velléité de descente à ski par ce côté.
La pente de la combe du Val d'Arques est douce et la progression y est facile. J'arrive trés rapidement à l'étang de Pédourrés. Je suis surpris d'être déjà là. Il y a bien un col sur ma gauche mais je l'aurais cru moins haut ! Est ce bien la porteilla du Cisca ? Et là, la Tose de Pédourres ? Le pic de l'Albe ? .. Je suis perdu, sans carte et sans GPS ! Moi qui ne pars jamais sans le topo détaillé de la rando, je sens l'inquiètude m'envahir.
Je continue ma route dans le doute vers le col. Tous mes sens sont en éveil, je cherche la meilleure pente et je fais "MA trace". Contre toute attente, cela provoque en moi une sorte d'exitation joyeuse. Tel un explorateur, je découvre un monde nouveau mais aussi des sensations nouvelles. Celles qu'engendrent la crainte de l'inconnu, l'instinct de survie ou le contrôle de soi. Et je ne suis que dans mes chères pyrénées, j'imagine alors l'intensité de ces mêmes sensations à l'autre bout du monde.
Une fois au col, je remarque des traces de pieds qui montent dans la neige éparse vers le sommet du Nérassol. Sûrement celles de Patrice. Le manque de neige est un bon pretexte pour ne pas monter au sommet et me faire revenir plus tard. Ainsi, j'en profite pour me restaurer. Il est assez étonnant de voir comment d'un versant à l'autre du col, l'état de la neige est différente. "Soupe" du côté Pédourrés, "glace" du côté Ciscar. La transition est ahurissante.
Aprés un mois d'inactivité consécutif à une entorse du genoux, la descente est alors des plus prudente. Mais des plus courte aussi car à la cabane de la Vésine il faut déjà déchausser. Au dessus de la cabane un couloir est resté enneigé, des traces élégantes de ski marquent la neige. Patrice a pu se faire un petit plaisir rare, finalement.
Les plaques de neige ne sont plus que de petites tâches blanches sur un sol largement déneigé. Alors que j'ai perdu tout espoir de voir Patrice aujourd'hui, j'aperçois une silhouette au loin. Assis prés du barrage du Siscar, c'est probablement Patrice, le seul qui soit assez taré pour porter ses skis sur plus de 1000m de dénivelé afin de pouvoir skier juste 50m :-) Il m'a vu également, et se demande quel est ce taré qui est assez taré pour porter ses skis sur plus de .... probablement hervé :-)
Les retrouvailles sont chaleureuses et on finira notre périple ensemble.
Pour l'anecdote, on a croisé en descendant, un couple d'hurluberlus à moitié fou qui montait au pic de l'Albe, tenez vous bien, avec des skis ?... Il est donc avéré de dire que la montagne est un véritable asile .......... de paix :-)