Photos randonnée SKI baysselance_vignemale_11mai2013

baysselance_vignemale_11mai2013



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Quand je chausse les skis en quittant le refuge de Baysselance, Patrice et Philippe sont déjà partis.

 


Je me tourne vers Marco indécis sur la direction à prendre. Le Vignemale depuis Baysselance est une première pour moi mais je sais qu'il y a au moins deux itinéraires possibles. Soit plonger à droite sous le refuge vers une combe évidente, soit virer complètement a l'oppose, sur la gauche du refuge. La première option, plus classique, permet de raccourcir la course grâce a une longue traversée a flanc sous le petit Vignemale. La deuxième, plus longue, permet de commencer la journée par une belle descente à ski et d'éviter une partie de la traversée du premier itinéraire. Le reflexe du skieur me fais choisir dans un premier temps la deuxième option mais Marco préfère se lancer sur les traces de Patrice. Apres un instant d'hésitation et un peu chagrin, je vire de bord.


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Je rejoins mes amis au départ de la traversée.

 

 

La traversée peut parfois s'avérer périlleuse sur neige dure ou glacée car la pente est très raide et exposée. sur les conseils de Patrice tout le monde sort les couteaux. Bien nous en a pris car ce fut le cas avec en plus de nombreuses coulées rendant l'accroche partielle et incertaine. Sur ces coulées constituées d'amas de blocs de diverses tailles et de forme variées, j'avance prudemment , souvent en appuis instables sur les seules extrémités des skis, les couteaux en l'air suspendus entre deux blocs a 10 cm du sol. Je commence à regretter sérieusement d'avoir suivi le groupe.

Marco est aussi à la peine “ça devait être FACILE!“ lance-t-il à Patrice, un peu désabusé.

“Il n'y a que ce passage, après c'est bon!“ répond Patrice en se voulant rassurant.


Mais est-il aussi confiant qu'il en a l'air? Je le soupçonne alors d'être un peu inquiet sous son masque imperturbable.

Soudain... Juste devant moi...Yoyo dévisse, sans un cri?...  Moi, je cri comme une gonzesse ... Imaginant le pire, l'espace d'un instant je ferme même les yeux en signe de dénie. Bravo RV, beau reflexe! Et quand je les rouvre, Patou est allongé sur la neige, il a réussi a stopper sa chute, tout danger est écarté.

“ Ouf... Patrice!... Permet moi de te dire que cet exercice ne m'a en rien rassuré!“

Je me demande bien ce qui lui a traversé l'esprit au moment où il s'est senti partir ?
Personnellement, j'en ai déjà fais l'expérience et dans ces moments-là, comme une limace sur une tache d'huile, tout notre corps, des orteils jusqu'aux oreilles tentent désespérément de se coller à la paroi.
J'ai aussi crié un grand “NOONN! ... “ Exprimant ainsi avec force le refus d'un sort qui semble alors irrémédiable.


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Philippe, parti devant, nous a distance et en vieux briscard il semble qu'il se soit mieux joué des difficultés présentes que nous. Il n'est pas non plus informé du drame qui a failli arriver.
Patrice et Marco le retrouveront plus loin au pied du premier ressaut dans les contreforts du glacier.

Apres avoir été distancé lors de la traversée je me retrouve seul pour attaquer la montée sur le glacier. L'espace skiable y est immense et les possibilités d'itinéraires y sont infinies. La neige est dure et la progression délicate.


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Par bonheur je croise des traces fraiches laissées quelques heures plus tôt par quelques randonneurs. Probablement ceux qui, la veille,  avaient partagé notre refuge et qui s'étant levés aux aurores nous avaient précédés. 


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Je cale mes skis dans leurs traces afin de faciliter ma progression. L'itinéraire qu'ils ont choisi m'éloigne un peu de mes compagnons que je suis fréquemment du regard pour m'assurer que tout va bien.

 

La pente est raide mais le glacier est grand et on peut y cheminer  en effectuant de très longues traversées d'inclinaisons adaptées a la forme de chacun.


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Le parcours choisi me convient parfaitement et je progresse rapidement. Je n'aperçois plus mes amis, on va toujours plus vite seul qu'a plusieurs.

 


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Je ne suis plus très loin du plateau glaciaire, quand j'aperçois enfin ceux qui par leurs traces m'ont permis de gravir le glacier comme dans un fauteuil. Ils sont déjà au pied du vignemale. Ils semblent tout près mais ce glacier est réellement interminable. Quand j'arriverais sur eux, ils auront eu le temps de monter au sommet et d'en redescendre. 


J'ai déjà escalade par deux fois le vignemale mais l'idée de le descendre en ski ne m'était pas venu à l'esprit.
Mon expérience des pentes raides est insuffisante. Quelques HP en stations, et un ou deux petits couloirs en rando. En station je passe partout même dans du 50 degrés mais la pente n'est plus la même en rando. L'espace n'est pas sécurisé, le terrain est vierge, brut, en l'état, il peut être piégeur, instable, les barres rocheuses ne sont jamais loin, il règne une ambiance sauvage, une atmosphère impressionnante, parfois même effrayante.
La montagne est belle et dangereuse. Elle inspire les poètes mais pas la confiance, or cette confiance est indispensable au skieur qui doit se battre contre lui-même, contre le refus naturel de la pente. Je possède le bagage technique mais aurais-je le mental ?  


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Je suis bien décidé a tenter le coup cette fois ci. Je scrute la face à la recherche du meilleur passage. L'itinéraire de montée est sur ma droite, les grottes de Bellevue a l'extrême gauche, un large couloir juste devant, il semble être le passage idéal pour redescendre mais il me faudra longer depuis le sommet toute la crête sommitale pour aller le chercher à l'oppose du point culminant.


Le temps pour moi de mettre mes skis sur le dos, et j'attaque la montée. Patrice, Marco et Philippe me talonnent. 


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La montée ne présente pas de difficulté majeure même si elle nécessite parfois de poser les mains. Alternant couloirs de neige et passages en rochers. Attention à ne pas y laisser ses crampons.

 


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Une fois au sommet le paysage est magnifique. Une mer de nuages d'un bel aspect cotonneux recouvre la vallée de Cauterets. Au-dessus, le soleil brille avec éclat sur les montagnes qui, de partout, nous entourent et s'étendent  jusqu'au fin fond de l'horizon.


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La vue est belle mais une fois l'extase passé, il faut songer à redescendre. Philippe me lance “si tu veux redescendre à ski, c'est par la!“, dit-il,  en me montrant du doigt la longue crête sommitale qui s'étend fièrement devant moi.

 

C'est maintenant que je dois prendre une décision. L'incertitude me gagne, je peux toujours renoncer d'autant plus qu'il n'y aurait pas de honte à redescendre à pieds, comme tous mes camarades. Des pensées affluent engourdissant ma volonté, en vrac:  “Patrice, tu aurais pu me suivre! “ ...  “Il a certainement cru que je redescendrai avec les skis sur le dos“...“Je peux toujours renoncer“ ... Sentant le découragement venir je m'autocensure, et volontaire je me lance, loin de toutes pensées engourdissantes, un peu comme on saute pour la première fois d'un plongeoir a 10 m, je me jette vers l'inconnu... Seul au monde... Seul sur le monde.


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Le vide des deux côtés, surtout ne pas y prêter attention. Les prises sur les rochers sont bonnes, la neige tient, je prends la précaution de m’écarter des corniches, le couloir n'est plus très loin, juste derrière un éperon rocheux. Je le gravis facilement, au sommet, pas de place même pour poser son sac, le départ du couloir deux mètres plus bas. Je vais devoir m'appliquer pour me préparer, en équilibre sur trois appuis obligatoires, je n'ai qu'une main pour enlever les crampons, les peaux, sortir les bâtons, la pelle, creuser une esplanade pour mettre les skis,...


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Une bonne demi-heure me sera nécessaire pour cette opération avec le vide omniprésent tout autour de moi. La gorge sèche, ma réserve de salive depuis longtemps épuisée, j'enclenche mes low tech, je n'ai pas le droit à l'erreur, la moindre faute et je pars visiter le bas du Clot de la Hount.

 

Une pensée pour ma famille surgie soudainement, “Ils ont besoin de moi, tu ne dois pas mourir aujourd'hui!“.


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Sans m'affoler, les skis enfin aux pieds, je fini de ranger mon piolet, mon sac sur le dos. Je suis surpris par la pente, elle est beaucoup plus impressionnante vue d'en haut. Je me lance, malgré tout avec confiance, mais immédiatement  sous mes skis dix centimètres de neiges transformées dévalent sous mon poids. Impossible d'arrêter une glissade et je pars en dérapage. Dans un cri de rage je fini par m'arrêter mais j'ai bien dévalé dix mètres. Sous la soupe de surface, le manteau neigeux est solide, mes skis finissent par accrocher.


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Il va falloir assurer le premier virage et je me trouve, bien évidemment, sur mon mauvais côté. A chaque saut une coulée de neige s'échappe, emportée par la gravité, je la laisse systématiquement s'éloigner. Avec un 'total control' et quelques flexion-extensions plus tard je me retrouve sur le glacier au niveau des grottes de Bellevue ou mes compagnons m'attendent patiemment. La descente du glacier est la juste récompense de ce raid qui se termine.


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On prend le temps de manger a Baysselance avant de repartir.

 


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Une belle surprise nous attend sous la Hourquette d'Ossoue, avec une neige de printemps inespérée compte tenu de l'heure tardive.

 

Une dernière mousse au refuge prise sous un soleil de plomb. Un bonheur général transparait au travers de nos visages détendus, souriants, et déjà nostalgiques car on sait que le meilleur est passé.


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Un dernier regard vers le massif imposant du vignemale et on quitte les lieux avec regret.

 


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On parvient à ski jusqu'au lac de Gaube qu'on finit  par  contourner  à pieds. Les meilleures choses ayant une fin, place au calvaire d'une descente interminable, skis et sacs sur le dos, jusqu'au pont d'Espagne que l'on atteint après une heure de portage.

 


Pour finir, je dirais que le retour en voiture avec Patrice s'est avérée être l'épreuve du raid, la plus stressante et la plus risquée. Mais je ne m'étendrais pas davantage sur sa conduite approximative et sur les deux accidents qu'on a failli avoir car “Cela ne nous regarde pas!“

Le mot de la fin revient quand même a dansesouslapluie, qui d'affirmer:

                    «  LE VIGNEMALE SINON RIEN! »

 


PS : Merci Patrice pour l’organisation de cette ENORME sortie. Merci Marco, Philippe  pour votre agréable compagnie et j’espère à bientôt.






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