Photos randonnée SKI aneto_07Mai2012

aneto_07Mai2012

« Je pense que la météo est pessimiste et qu'on va réaliser le holdup du siècle . ON FONCE !!! » . Cet e-mail envoyé en ce dimanche 6 Mai au matin de l'an de grâce 2012, depuis le boulot, annonce-t-il une entreprise grandiose ou simplement ubuesque, vouée à l'échec ?

Le temps n’est, en effet, pas très engageant et l'espoir d'enchaîner l'Aneto, Le pic d'Albe et les Posets au cours de trois fenêtres météo favorables reste très utopique. Cela a quand même le mérite de convaincre Patrice qui me donne rendez-vous à 14h00 aprés le boulot.

Mais déjà un premier défi  se profile, il va me falloir manger, aller voter et préparer mon paquetage pour trois jours de randonnées en moins de trois heures ! ... 

Je suis prêt en deux .. On est parti, à nous le toit des Pyrénées !

rando_ski aneto_07Mai2012

Qn arrive à l'hotel de Benasque vers 17h30, commence alors, autour de la voiture, le grand déballage de printemps, et une corde par ci, un pantalon par-là, le ski par-dessus, et un casque qui traine … mais ou ais je mis mes chaussettes?

Vous l'avez compris, Patty n'est pas prête, elle n'allait quand même pas se mettre son collant de montagne à Toulouse!  Il fait chaud dans la tuture.

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Quand enfin on décolle, il est 18h00, il ne nous reste plus qu'une heure trente pour arriver juste à l'heure de la soupe au refuge de la Rencluse. Par chance on peut chausser les skis dés 1800m et tracer en droite ligne vers notre destination.


Le refuge est atteint en deux heures : « Eh bin, vous n’avez pas forcé l'allure ! » …  je vous entends déjà, amis gouailleurs, amies calleuses ... « Eh bin NON, c'est juste que Patty s'est fait une ampoule »...

Et oh! Pas de quoi rigoler, ça fait mal ces choses-là.

Au cours du repas, sa douleur fut largement soulagée par l'annonce  des résultats des élections et  c'est ainsi, qu'avant d'embrasser nounours, nous trinquâmes  « Hollandemains qui chantent ».

Je monte me coucher dès la fin du repas, « 13 y 14 de la Maladeta, segundo piso », je me rappelais parfaitement les emplacements que nous avez octroyé le gardien du refuge. Quand j’arrive dans la chambre, il fait noir, les quelques veilleuses  restées allumées me permettent tout juste de me déplacer  ‘à tâtons’.  

Le nez collé aux numéros des lits, je cherche ma place..  Numéro 7.. 8 .. j’y vois rien, 10 .. 15..16 .. trop loin.. 13,14 ah enfin !

Et là, quelle n’est pas ma surprise de voir un gars qui squatte mon matelas. Déjà que t’y vois que dalle, un blaireau est dans ton pieu, celui que  tu as cherché avec tant de mal, en raclant dans l’obscurité ton nez sur les montants de ses lits en pin des landes. NON MAIS ça ne va pas se passer comme ça !

« Eh… tu t’es trompé, c’est moi ici » affirmais-je avec autorité.

‘Mr sans Gêne’ se redresse surpris. Il semblerait même que je le dérange car je l’entends légèrement maugréer. Comme un somnambule qui a perdu ses repères, il déplace lentement ses affaires qu’il avait, très négligemment,  dispersé un peu partout autour de mon lit.

En le regardant faire, je me disais « il n’aurait pas pu regarder le numéro du lit avant de se coucher, NON ? »« Il y en a qui manquent pas d’air » ...  « Et pas doué en plus » … « blabla..blabla » .. Enfin je l’avais, en mon fort intérieur, traité de tant de noms d’oiseaux, que sans même le connaitre, il m’était devenu antipathique.

« Vous pouvez pousser votre sac, je voudrais y mettre le mien » dis-je presque exaspéré par un tel bordel. Le gars ne réagit pas, il ne comprend pas,  à moitié endormi il met une plombe à intégrer ce que je lui dis. Je prends donc les choses en main, je lui pousse son sac et prends enfin possession de mon domaine.  

Mais je ne dors pas, Patrice n’est toujours pas là. Qu’est-ce qu’il fout ? Çà fais plus de 20 mn que je suis installé. Dans un murmure, alors que j’ai un pied dans le royaume de Morphée, j’entends Patrice qui me souffle à l’oreille. «Ah! quand même! çà fait une heure que je te cherche, qu’est-ce que tu fais dans ce lit? Tu n’es pas dans la bonne chambrée! ‘La Maladeta’ c’est là-bas!»

Je réalise soudain mon erreur, en un éclair je remballe mes affaires laissant mon voisin ‘Mr sans Gêne’ sans réaction. Dans un état semi comateux, immobile, il me regarde faire, dans l’expectative. Vite, profitons en avant qu’il ne sorte de sa torpeur et qu’il ne me renvoi mes insultes. Peut-être est-il en train de le faire ‘dans son fort intérieur’.

Sans un mot d’excuse je quitte mon squat et avec un culot incongru, je lance « Put.. C’est mal foutu ce refuge ! ».  Et oui, ma femme dit souvent que je suis de mauvaise foi. Aurait-elle raison ?

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Il est déjà 6h00, Patrice a du mal à se lever, et bien que toute la chambrée composée essentiellement  de Cafistes soit en branle-bas de combat je trainaille un peu moi aussi dans le duvet.  Le p’tit dèj avalé sans plaisir, on s’apprête à partir à l’assaut de l’Aneto, on n’est pas en avance et il ne va pas falloir compter fleurette. Et bien sûr, c’est toujours dans ces moments-là que Pat fait sa ‘Patty’.   

A 100 m derrière moi, il me crie « Attends,  Je retourne au refuge, j’ai oublié de prendre de l’eau ».

« T’inquiète pas j’en ais pour deux » répliquais-je.

Mais sans écouter il répond « j’en ai pour 5 minutes ! »

Je comprends alors que c’est une manière élégante de ne pas crier à tout vent que Mr à envie de ‘chi..’. Il a en effet une propension très affirmée à ‘laisser sa trace’. Ce qu’il ne manquera pas de faire une nouvelle fois guère plus loin sur le chemin. C’est vrai que mis à part son âge déjà très avancé, il ressemble un peu au petit poucet.

La suite est racontée par mon compagnon de cordée Patrice :

Histoire de faire baver les skieurs, voici, malgré une prévision météo pessimiste, comment sont récompensés les courageux skieurs qui osent sortir de chez eux pour affronter les terribles hauteurs de l’Aneto.
Après de nombreux échanges de mails avec le téméraire Hervé, le dimanche matin la décision est prise d’aller dormir à la Rencluse.

Arrivée pour bouffer à 20h, départ le lendemain vers 7h.

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Il n’a pas fait froid pendant la nuit, la neige est à peine dure. Et merde, la neige fraîche tombée les jours précédents va être transformée et collante… 100 à 200m au-dessus du refuge, la neige commence à “craquer” et se faire légère. Eh, eh! Il a fait un peu plus froid là-haut!

Hervé! Faut envoyer, si on veut de la bonne neige à la descente! Partis les derniers du refuge (comme les KD!), on commence à doubler les canards musquettts (comprendre raquetteurs), puis le bruyant groupe de Piau, un autre groupe avant le col du Portillon supérieur que nous passons sans déchausser, un autre groupe avant le col Coroné et nous arrivons au pas de Mahommet quand le premier groupe rechausse les skis.

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11h: parfait! N’écoutant que son courage, Hervé reste là.

Je vais faire une photo de la croix; 11h20-30.




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On rechausse et là,“LA” descente que j’ai cherché tout l’hiver est sous mes skis. Du ‘pas de Mahommet’ au ‘pla de aiguailluts’: le lupanar, l’extase, la vie, le must, le régal, rien que pour ça, ça vaut le coup et tous les autres superlatifs que vous pouvez imaginer ne suffiront pas à décrire le bonheur de gamins que nous avons ressenti lors de ce parcours digne du derby de la Meije.

On arrive au refuge un peu cassé et l’esprit encore dans les joies du ski, quand nous voyons arriver un fada avec des skis de 8kg, 120mm au patin et chaussures de ski de piste compétition avec chausson en liège et flex de 140, adaptateur sur la fix de piste pour monter et un sac de 20kg. Deux minutes après son collègue arrive: pareil.

On tchache un peu; Appellation: Doumé et Rémi. Confirmation: ils sont frappés.

Aparté : Je corrige ici une très grave méprise de mon ami Patou, Le Doumé ce n’est pas un adaptateur qu’il a mais une superbe fixation de PRO freeride : la MARKER DUKE. Maintenant, cela n’altère en rien le fait qu’ils sont quand même bien frappés !

On va manger, on retchache un peu et comme on commence à être bien cassé ( l’Aneto, les bieres…?) on va se coucher et rdv à demain matin pour aller faire un tour sous la Maladetta et si le temps le permets, monter au sommet et reconnaître la jonction avec le glacier, ce qui fera un belle variante de l’Aneto pour la prochaine fois.

rando_ski aneto_07Mai2012

Les deux frappés de la veille, se joignent à nous. Le beau temps, n’est pas là, mais ce n’est pas mauvais jusqu’à la pluie qui arrive à 11h pétante. Ce qu’avait prédit le site météo norvégien yr.no.



Au fait, la méga neige de la veille, non plus, n’est pas là. Voilà nos deux frappés qui nous font un tout droit direct refuge dans cette neige pourrie. Vous comprendrez pourquoi là: http://www.ladepeche.fr/piau-engaly-derby-des-pyrenees-270-competiteurs-sur-les-rangs  Il fait 3eme.

Et là :
http://www.ladepeche.fr/semeac-aux-frontieres-de-sa-vie-en-himalaya , vous comprendrez qu’il n’a pas peur de grand-chose.

rando_ski aneto_07Mai2012

Une petite bière au refuge, on récupère le duvet et en route pour les Posets. Et “le” Hervé, nullement impressionné par les capacités de ‘Doumé’, se met à le suivre dans la descente du Refuge à la bagnole dans la neige encore plus pourrie et encore plus rare et… se mange encore un bon gros rocher avec l’omoplate gauche. Je te vois “craquelé” qu’il me dit! Ouf! Il n’est pas dans le coltar. C’est toi qui es craquelé, je crois.

Une heure après, il est sur les skis pour finir la descente et attendre les secouristes qui l’amèneront au ‘centro de salud de Benasque’ où il trouvera le moyen de draguer le joli brin de toubib qui l’a ausculté. Il est costaud le bougre, car la gaufre qu’il a pris a impressionné Doumé, qui en connaît un rayon en gamelles.

Dernières bières à Benasque et retour à la maison où Madame Hervé l’attendais de pied ferme. Je l’ai vu dimanche, il est coincé, mais va bien et peut se servir de l’ordinateur. On devrait avoir quelques photos et vidéos sur son site http://www.randoskivtt.fr/index.php?id_page=1 bientôt.

Dommage pour les Posets, mais il parait qu’ils ne bougent pas et on devrait retrouver le chemin.

Patrice



RV:

Merci Patrice pour ce beau récit. Quand à ma carcasse blessée, lapidée, elle se remet doucement et j'écris ces lignes en étant rassuré sur mon état de santé au point même de me pronostiquer une trés prochaine guérison.

dansesouslapluie dit : « La vie n'est jamais aussi belle que quand elle ne tient qu'à un fil »

FIN

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